La transmission intergénérationnelle des savoirs : le tutorat


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La prolongation de la vie active est aujourd’hui importante afin de préserver l’équilibre de notre système des retraites.

De nombreux facteurs sociaux y concourent en effet : baisse de la natalité, allongement de l’espérance de vie, arrivée à la retraite des baby-boomers, allongement de la durée d’études entraînant une arrivée plus tardive des jeunes sur le marché du travail…

La problématique de l’emploi des seniors est donc plus que jamais d’actualité. Des mesures ont déjà été prises (notamment la réforme des retraites) mais elles s’avèrent parfois être en décalage avec la réalité de l’emploi.

Le taux d’emploi passé 50 ans est en effet très bas en France (42,7% selon la DARES[1]) en comparaison avec les autres pays européens (jusqu’à 70% en Suède), avec une baisse très importante après 60 ans. Il s’avère donc urgent de résoudre les problèmes liés à l’emploi des seniors à l’aide de mesures adaptées, sans pour autant nuire à l’insertion de plus en plus difficile des jeunes sur le marché du travail.

Une des mesures paraissant adaptée dans ce contexte est le système de tutorat, ou coopération intergénérationnelle. Ce système entre dans le cadre des « contrats de générations », adoptés au Parlement le 14 février 2013. Les exemples d’entreprises pratiquant déjà le tutorat sont nombreux, notamment dans les secteurs bancaire, agricole, du BTP et de l’industrie. Celui-ci permet de remédier à une grande partie des problèmes relatifs au vieillissement dans l’entreprise, tels que la perte des savoir-faire fondamentaux, le manque de reconnaissance, la mauvaise gestion de la transition emploi-retraite, la difficulté à rester dans l’emploi…

L’importance de la coopération entre les générations est souvent sous-estimée par les entreprises. Pourtant, entreprise et salariés (seniors et jeunes) sont gagnants dans cette démarche de transmission de l’expérience. Cette expérience « est en fait un ensemble constitué des savoirs issus de l’exercice d’un métier, mais aussi de l’apprentissage des règles de fonctionnement et de la culture propre à l’entreprise. C’est cet ensemble qu’il s’agit de transmettre aux nouveaux entrants dans l’entreprise »[2]. Pour les jeunes, le tutorat comporte également de nombreux avantages en termes de qualification, d’insertion et d’apprentissage du métier. Pour les seniors, le tutorat constitue un excellent système de fin de carrière, à condition d’être reconnu par l’entreprise. Cette reconnaissance passe par :

–          La valorisation de la disponibilité du tuteur, par une rétribution financière ou par l’allègement de la charge de travail (qui peut passer par la séparation des temps accordés à la productivité pure et au tutorat).

–          Le fait de signifier au tuteur que l’on reconnait ses compétences et son expérience. Cela passe notamment par le fait de sélectionner les seniors qui sont, selon l’entreprise, aptes à exercer les fonctions de tuteur (il s’agit de ne pas accorder cette fonction à n’importe qui).

–          La formation des tuteurs à la transmission des savoirs, qui traduit une reconnaissance de la richesse et de la complexité de ce rôle (article D. 981-08 du code du travail).

–          L’encadrement de la pratique par l’entreprise ainsi que le renforcement des possibilités et de la pertinence du financement.

Enfin, pour les entreprises, le tutorat permet de minimiser la perte des savoirs fondamentaux consécutifs aux départs massifs en retraite, tout en facilitant l’intégration des jeunes salariés, et de prévenir l’usure professionnelle des salariés seniors.

La mise en place d’un système de coopération intergénérationnelle passe par 6 étapes :

  1. La mobilisation de l’entreprise et des différents acteurs concernés
  2. Le diagnostic des opportunités et l’identification des savoir-faire critiques à transmettre
  3. La formation des transférants
  4. La formation de la (des) cible(s)
  5. La mise en œuvre du transfert
  6. La formalisation des bonnes pratiques de transfert des savoirs.

A chacune de ces étapes, l’accompagnement par un psychologue du travail peut s’avérer très utile pour mettre en place le système de tutorat de manière optimale tout en préservant la qualité de vie au travail des différents acteurs de la transmission.


[2] http://www.anact.fr/portal/page/portal/GDA/Nos_axes_travail/Cooperation_intergenerationnelle