Changement, lien et contrôle social.


Le mardi, c’est théorie ! (Tiens la planification n’a pas fonctionné…)

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Il y a cette employée municipale qui après 20 ans d’aventures dans la catégorie C au sein de sa mairie à trouver ce service culturel dans lequel elle a vécu « un âge d’or du lien social ». Entre direction charismatique et effervescence créative autour des projets, elle se sentait bien. « Le projet était beau ! » Quelques années plus tard, aujourd’hui, il n’y a plus de répondant dans l’organisation. La parole est sans écho. Sans retour. Elle, à l’accueil, a une caisse qui déborde. La monnaie n’est plus encaissée depuis longtemps. Autrefois toutes les semaines. Aujourd’hui, cela fait des mois… et toujours rien. « Les gens du voyage viennent nous faire de la monnaie ! » Mais quand le badge RFID ne fonctionne plus, des techniciens viennent le changer dans l’heure. On s’intéresse à quoi maintenant ? Il faut changer, lui dira-t-on.

Le changement en organisation est galvaudé. Il y a du changement partout et même maintenant. Il faut s’adapter, il faut changer. Mais changer quoi ? Dans notre exemple, cette employée est-elle coupable de délit de résistance au changement ? Et si c’était une carte agitée cette fameuse résistance au changement ? En l’écoutant, on se rend compte en 20 ans de l’écart incommensurable. On comprend l’état d’urgence de sa situation. On comprend que cela chemine au bord d’une rupture à la fois dans le lien et dans le corps.

La société a changé, dira-t-on. Oui c’est vrai, elle a changé avec des particularités assez spécifiques selon les lieux, les espaces et les cultures. En certains endroits de son espace, aujourd’hui, on malmène ouvertement ceux qui œuvrent pourtant au quotidien pour le fonctionnement des organisations de l’employé, au cadre intermédiaire, jusqu’au cadre supérieur. Il a un goût bizarre ce changement. Et c’est ce que vit cette employée de mairie.

D’ailleurs entre adaptation et changement quelle différence ? Le premier serait des modifications à la marge du cadre du travail, de l’institué (comme expliqué dans un précédent article). On s’adapte à une réorganisation de l’espace, de son poste, on change de produit à vendre, on accueille un nouveau dans son équipe, etc. Lorsqu’il y a changement, la dynamique vient labourer ce qui fonde l’organisation. Ses valeurs sont bafouées voire totalement mises au silence. Son histoire disparaît. Le lien vole en éclat. Le sens s’effrite (voire s’escamote pour quelque chose de beurk à voir).

Avant de changer, essayons de se pencher sur qu’est-ce qui va être mis en mouvement et quelles fondations sont en jeu.

Crédits photos : Segle / CC-by-nc-sa

Pour continuer la lecture :

J.C. Rouchy & M. Soula Desroche, Institution et changement, Erès, 2004.

C. Dejours, Souffrance en France, Point, 1998

H. Arendt, Du mensonge à la violence, Calman-Lévy, 1972.